C’SMART (Janvier 2015)
ALFREDUS
L’art subtil des nuances
Alfredus a le talent, longuement peaufiné au creuset de quelques belles influences d’artistes, des humbles et bons faiseurs qu’aucune autosatisfaction ne guettera jamais. Son empathie naturelle des formes et
des couleurs en harmonie, jointe aux techniques picturales diverses qu’il entremêle avec finesse, confère pourtant à ce jeune peintre une maîtrise des nuances qui force le respect.
Qu’elle articule la perspective avec l’habileté technique et le sens artistique d’un architecte des formes bidimensionnelles ou qu’elle consiste en quelques taches et traits sur un support donné, la peinture, par sa nature même, est chose mentale. Chez Alfredus, jeune peintre aux oeuvres métisses de belle facture, le mental domine tout.
La musique des formes
S’il est vrai, comme l’affirment certaines écoles d’arts visuels, que la peinture doit exprimer la toute-puissance d’une forme décorative vouée à l’agrément des sens, alors celle défendue par Alfredus s’avère, d’évidence, plus subtile, plus nuancée dans l’expression de ses inspirations du moment. Entre impression – dans son rapport immédiat au motif observé -, improvisation – ciblant le travail d’intériorisation qui accompagne l’inspiration du moment – et composition, qui exprime l’épanouissement des moyens pur de la peinture. Un trousseau de clés créatives qui confère assurément à certaines de ses toiles une “tonalité” singulière. Une forme de signature graphique, reconnaissable entre toutes, qui naîtrait entièrement de son monde intérieur, à l’exemple de l’écriture musicale.
“Le flux musical – l’un de ses thèmes d’exposition, Ndlr – appartient au registre abstrait. Un travail très spontané réalisé en quelques heures. La technique utilisée est mixte : des bombes aérosol – en référence à l’art urbain, sa première forme d’expression picturale – et de l’acrylique, mélangeant à la fois l’utilisation d’outils comme le couteau et le pinceau.”
Le sens de l’épure
À chacune de ses productions, sur d’autres thèmes de prédilection – portraits d’artistes, oeuvres sous-marines, par exemple – le même objectif : “créer un visuel dynamique, haut en couleurs, en utilisant des codes graphiques purs et des superpositions de matières, donnant naissance à jaillissements et flux visuels”. Sa recherche constante ? “Le mouvement ascensionnel, la fluidité, l’insaisissable, pour m’éloigner au maximum de toute image statique, figée.”
Dans les paysages marins qu’il décline avec légèreté, dans les fresques murales qu’il exécute à l’inspiration, d’après commande, et dans les portraits épurés qui portent sa pure empreinte, une cible, quasi obsessionnelle : “capter l’attention du passant, absorber l’esprit du spectateur”, par la force visuelle du thème choisi, par le regard du personnage peint. “J’épure au maximum les traits du visage, de manière à ne refléter de l’émotion convoquée que l’essentiel.” Avec un art subtil des nuances d’expression qui fonde “l’Alfredus Touch”, reconnaissable entre mille.